Dans ce projet, tout incitait à concevoir en profonde connivence avec l’existant.
L’histoire même du lieu
L’histoire du lieu est déjà une forme de renaissance : celui d’une école construite dans les années 70 qui, 15 ans après son abandon, redevient un espace d’entraide, de mixité sociale et d’échange culturel. La nouvelle maison des solidarités de Meylan accueillera une maison de santé, un pôle social (CCAS*, accueil petite enfance, banque alimentaire, épicerie sociale…) ainsi qu’un pôle associatif (activités sportives, loisirs créatifs, fablab…)
Moins construire (ou détruire) que « relire »
Le bâtiment est là. Certes, il a la rigueur d’une construction sur trame, mais il reste très bien conçu. Les volumes existants sont harmonieux et différenciés. En plus des salles de classe, l’école possédait des espaces larges destinés à des activités transversales : le nouveau programme peut parfaitement venir “s’y nicher » avec intelligence et économie.
Les volumes des salles de classe, par exemple, accueilleront efficacement les diverses activités de l’union de quartier.
La simple démolition de deux travées sur la largeur du bâtiment afin de créer deux rues piétonnes, suffira à désenclaver le cœur d’îlot pour en faire un “cœur de quartier” aux passages multiples. L’urbanisation du quartier des Buclos est déjà très qualitative : sans clôtures, avec des cheminements piétons traversants et une présence réduite de la voiture.
Une cuisine pour régénérer la relation
L’espace central de la cuisine partagée est très symbolique de l’état d’esprit adopté.
Le programme se limitait à 20m² destinés aux employés…
Nous avons proposé 90m² pour accueillir toutes les personnes amenées à vivre ou à traverser les lieux. Il s’agira bien sûr de permettre aux salariés de prendre leur pause, mais la cuisine accueillera également les différents membres des associations le temps d’un sandwich ou d’une pause-café. Plus audacieux encore, pourquoi ne pas profiter de la proximité avec la banque alimentaire pour organiser des ateliers culinaires. Croiser au mieux les usages, pour optimiser l’essentiel d’une maison des solidarités : la relation.
Garder mémoire
Comme le rappelle Daniel Schoen, le patrimoine architectural ne se trouve pas toujours dans les livres. Chacun, par sa relation au bâti, a sa “Notre-Dame de Paris” à soi : un immeuble, une usine, une école, un préau. Il y a une vraie délicatesse à préserver quelque chose de cette mémoire indispensable à l’ancrage territorial.
La structure poteau/poutre de l’école, représentative de son époque, peut sembler répétitive et lourde. Mais la clarté et la simplicité de lecture sont là. Nous conserverons cette exostructure en la remplaçant par des poteaux bois qui garderont une rainure en écho à la concavité du poteau d’origine.
La rusticité de l’ensemble sera anoblie par un matériau naturel et chaleureux : le bardeau.
Le bardeau s’obtient par simple découpe dans la bille de bois. Sa production est d’un impact carbone très faible pour une très grande durabilité (jusqu’à plus de 100 ans). Étant unique par sa teinte, il amènera une vie aux façades autant qu’une belle connivence avec la finalité du bâtiment qui vise à rassembler tant de pluralité.
Réemploi in situ et recyclage
L’école a été entièrement curée de tout son second œuvre. Seuls les éléments de structure, de clos et de couvert ont été conservés. Malgré cela, deux matériaux représentent un réel gisement pour du réemploi et du recyclage. Le gravillon de protection d’étanchéité peut être lavé et réemployé sur site.
Les 15 jardinières en béton (de 2m de large…), témoins de l’architecture des années 70 seront toutes réemployées dans le jardin partagé et à proximité de la cuisine pour servir de jardins à plantes aromatiques. Le projet prévoit aussi de solliciter des filières de réemploi, pour la fourniture de sanitaires et de carrelages.
* centre communal d’action sociale